Avertissement :
A la lecture de ce récit, vous rencontrerez souvent le mot
« chaleur ». Oui, nous avons eu chaud, très chaud. Cette
chaleur s'est invitée quotidiennement, et a influencé, modulé,
dressé les contours de ce voyage. Sans elle, le voyage aurait été
différent.
Ce
voyage improvisé au jour le jour, au gré des envies, nous amène en
Sicile, après avoir traversé l'Italie. Vous y découvrirez des
villes, des villages, des ruines et bien sûr, des volcans. Buvez un
grand verre d'eau fraîche, bienvenue dans la fournaise
Sicilienne...
19/07/2021
Jour : 494 km Total : 494 km
Départ
de Vendée après quelques jours de vacances.
La
bonde de l'évier est cassée, l'eau inonde les placards. Arrêt à
La Roche sur Yon pour une réparation rapide.
Près
de 500 kilomètres parcourus hors autoroute au travers des paysages
du Limousin, de la Creuse et du Puy de Dôme.
Arrêt
pour la nuit sur un petit parking en pleine nature au pied des
volcans auvergnats.
Coup
de téléphone de Franck à qui nous avons donné rendez-vous le 22 à
Rome afin de faire un bout de route ensemble. L'un de ses enfants a
une phobie incontrôlable, il refuse de se faire tester (test
antigénique obligatoire pour passer en Italie)... Ils ne passeront
pas la frontière.
20/07/2021
Jour : 472 km Total : 966 km
Nous
empruntons cette fois-ci l'autoroute, ayant trop abusé du charme des routes départementales et fonçons vers le Lac
d'Aiguebelette, à quelques kilomètres de Chambéry où nous avons
rendez-vous pour faire tester les enfants à 17h20.
La
baignade nous permet de nous détendre et de nous laver.
A 18h00, nous prenons la direction de la frontière avec nos tests
négatifs en poche.
L'Italie
est atteinte sans encombre et sans contrôle. A Susa, j'ai repéré
un grand parking pour passer la nuit. La fête foraine qui y est
installée ouvre dans quelques minutes. Nous quittons les lieux avec
empressement et arrivons, peu avant que le nuit ne tombe sur le même
petit parking que l'année dernière, au milieu des vignes.
Emile
retrouve à notre grand étonnement les « peintures rupestres » qu'ils avait peintes
un an auparavant.
21/07/2021
Jour : 485 km Total : 1451 km
La
batterie cellule est HS. Plus d’électricité, plus de frigidaire.
A
Milan, nous faisons deux magasins. Trop chères.
A
Bologne, nous trouvons notre bonheur.
Il
fait déjà une chaleur accablante. Les arbres d'une petite école de
village de montagne nous permettent de déjeuner à l'ombre. Le
village est désert, nous ne croisons personne, tous sont à la
sieste, cachés derrière les volets clos.
Le
Lac de Barberino, à 20 kilomètres au nord de Florence nous permet
de nous rafraîchir. Une bière, une baignade, un transat.
Je
ne trouve pas de parking satisfaisant pour passer la nuit, nous
finissons donc sur un parking poids-lourds à l'entrée de Florence,
pas si mal, faute de mieux...
22/07/2021
Jour : 268 km Total : 1733 km
Jusqu'à
Rome, c'est la fournaise sur l'autoroute. 40°c, soleil de face, pas
de climatisation...
Souhaitant
visiter la capitale italienne, nous rejoignons un petit camping en
périphérie de la ville.
Cigales
et piscine sont au programme de l'après-midi.
23/07/2021
Jour : 0 km Total 1733 km
Navette
pour la gare, puis train, puis bus car les voies sont en travaux, enfin
le métro pour rejoindre le Vatican, la place Saint Pierre plus
précisément.
Je
suis venu ici lors d'un voyage scolaire en classe de cinquième. En
ces temps de Covid, aucune attente, les touristes sont rares dans ce
lieu de pèlerinage pour les catholiques du Monde.
Depuis
quelques années, il n'est plus permis de toucher ou de baiser le pied
de la statue de Saint Pierre présente dans la basilique du même
nom. Censé porter bonheur, le geste est désormais proscrit. Le
Covid n'y est pour rien, le pied droit risquait tout simplement de
disparaître, à force d'être caressé, usé...
Gigantesque, étourdissant, luxueux...

Près
de 40°c. Les touristes, peu nombreux sont téméraires, ils sont
récompensés par une visite sans la foule. Nous en faisons partie.
Première pizza avalée et visite du Colisée.
Construit entre 70 et
80, ce monument emblématique de l'Antiquité et de l'Empire Romain
est toujours debout. Pouvant accueillir 50 000 spectateurs, il
donnait lieu à des spectacles, des combats et des mises à mort.
Graffitis romains retrouvés dans les tribunes
Les
garçons sont ébahis.
Mont
Palatin, forum romain. L'histoire est partout, à chaque coin de rue,
l’œil est sans cesse attiré par une colonne, un porche, une
fenêtre, un détail.
Je me plante un peu pour trouver l'entrée du forum. 1,5 km de détour sous ce soleil de plomb, je m'attire les foudres de la famille (1.5 km x 40°c = 60 d'indice de colère ?)
A
pied, nous rejoignons la fontaine de Trévi. Construite au 18 ème
siècle et de style baroque, la fontaine est l'une des plus célèbres
du monde. La coutume est d'y jeter une pièce de la main droite, dos
au bassin afin de revenir un jour et de, peut-être, retrouver son
argent. Les garçons pensent déjà à s'enrichir... On les tient à distance du bassin, on ne sait jamais.
Dans
les faits, le bassin est vidé tous les jours, et près de 2000 euros
y sont ramassés quotidiennement sous surveillance policière. Le
butin est reversé à une association caritative...
Nous
rejoignons à pied la Villa Borghese où nous sautons dans un bus.
Le
train nous ramène à Porta où nous attendons la navette près d'une
heure. La chaleur est toujours intense malgré l'heure tardive, le
vent soulève des spirales de poussière et de déchets, les hommes
s'abritent à l'ombre, assis sur des murets crasseux... Le Far West
italien.
24/07/2021
Jour : 173 km Total : 1906 km
Arrivés
à Sperlonga, sur la côte, beaucoup de monde. Les italiens sont en
vacances et s'agglutinent sur les plages pour se rafraîchir. Les
parkings, nombreux et payants, nous refusent les uns après les
autres. Certains sont transformés en campings sordides où chaque
mètre carré est exploité.
Il
fait encore très chaud et, malgré mon optimisme inébranlable, je
sens que le reste de la famille traîne la patte. Nous avons parcouru
près de 2000 kilomètres depuis notre départ et la journée de
vadrouille à Rome a laissé des traces.
Laissant
ma femme et les enfants déguster une glace, je pars seul à l'assaut
des ruelles et des marches de la vieille ville. Un labyrinthe tout en
montées et en descentes que je parcours à mon rythme.
Nous
reprenons la route et trouvons un petit parking en terre situé à 800 mètres
d'altitude qui nous permet d'avoir un peu de fraîcheur...
25/07/2021
Jour : 257 km Total : 2063 km
Route
pour Naples.
Encore
une fois, difficile de trouver où se garer. Les parkings sont
souvent complets et n'acceptent pas les camping-cars. Je me faufile
dans la ville, craignant parfois de rester coincé sous un balcon ou
dans une ruelle un peu trop étroite...
La
circulation est étonnante. Klaxons, scooters, intersections,
il faut-être constamment sur ses gardes et savoir s'imposer si l'on
souhaite avancer.
Finalement,
je trouve une place en bord de mer dans une baie située au nord de
Naples. Nous marchons une dizaine de kilomètres.
Le
quartier espagnol est fascinant. Des ruelles perpendiculaires,
étroites et bordées par des bâtiments très hauts. Des ruelles à
l'ombre qui permettent au vent de s'engouffrer pour rafraîchir les
riverains et sécher leur linge avec efficacité.
Au
moment de récupérer le camion, la rue principale est bloquée par
la police et les militaires. Un corps est repêché dans la mer,
celui d'un jeune homme habillé qui flottait sur un matelas
pneumatique. Peut-être un migrant.
A
une heure de route, se trouve un camping en bord de mer. Anne-Gaëlle
veut se reposer quelques jours.
Pour
y accéder, des tunnels. La voie opposée est embouteillée. Les
motos et scooters circulent donc sur la voie en sens inverse.
Certains ne sont pas éclairés et je dois me serrer à droite pour
ne pas les percuter mais veiller à ne pas frotter la paroi arrondie
du tunnel (hauteur de 2,80 m).
Nous
arrivons au camping. Pas d'ombre, bondé. Déçue, le moral chute...
26/07/2021
Jour : 80 km Total : 2143 km
Route
pour le Vésuve, le célèbre volcan qui domine la baie de Naples.
La
route s'élève de façon assez abrupte. Après une dizaine de
kilomètres, nous sommes assez proches du cratère. La police
municipale nous arrête et nous demande si nous avons les tickets
pour y accéder.
Nous
ne les avons pas.
La
policière nous indique qu'il faut les prendre en ligne mais qu'ici,
il n'y a pas de connexion. Il nous faut donc redescendre quelques
kilomètres, acheter les billets et payer le parking en ligne,
revenir se garer, attendre et payer une navette pour pouvoir accéder
au cratère.
Désabusés,
nous redescendons et parvenons à un petit parking où une dizaine de
touristes essaie désespérément de capter une quelconque connexion.
J'y parviens à mon tour. Prochain créneau disponible : 15h10.
Il est 10 h15. 50 euros et 5 heures d'attente sur un parking, non
merci... Une photo de la baie de Naples, quelques roches volcaniques ramassées et nous retrouvons la chaleur de la vallée.
Nous
filons à Pompéi.
Pompéi
est cette célèbre cité ensevelie par les cendres lors de
l'éruption cataclysmique du Vésuve en 79 après Jésus-Christ.
La
quantité de sédiments a permis de protéger la ville des pillages
et des épreuves du temps. Ainsi, certains bâtiments sont
remarquablement conservés et de nombreux objets y ont été
retrouvés.
Encore
plus étonnant, on peut y apercevoir les moulages des corps des
habitants qui se sont fait surprendre lors de l'éruption. En effet,
des hommes, des femmes et des enfants ont été ensevelis par les
cendres. Les scientifiques, dès le 19 ème siècle, on versé du
plâtre liquide dans les cavités où reposaient les corps en
décomposition. Les moulages ainsi obtenus laissent apparaître le
mouvement, la posture et même l'attitude de ces personnes
pétrifiées.
Ce
site historique et archéologique immense est touchant. Le Vésuve
est toujours là. On se projette, on se figure, on imagine les
habitants dans leur maison, faisant leurs achats dans la rue
commerçante ou traversant les chaussées sur les passages piétons
(de grosses pierres permettant de franchir les voies d'eau). On
comprend aussi l'ampleur de la catastrophe. Terrifiante éruption qui
a figé cette cité et ses habitants pendant des milliers d'années...
J'emmène
les enfants à la plage. La plage est privée, payante et pourvue
d'animations en tous genres (piscine, musique, danse...). Absolument
pas ma tasse de thé mais comme nous sommes arrivés eu bord de l'eau
par hasard et sans débourser un centime, nous y restons pour
profiter d'une bonne baignade. Je n'insiste pas auprès des enfants sur la nécessité d'être discrets, c'est peine perdue... Je rentre juste la tête entre mes épaules pour me faire un peu plus petit.
Le
soir, nous nous promenons sur le port en discutant du programme des
jours suivants.
Objectif :
éviter la foule, trouver des lieux de baignade, visiter de jolis
endroits... Mission impossible ?
Ce
qui est certain, c'est qu'il va falloir fréquenter davantage les
campings. Nous avons besoin de brancher le camion pour utiliser le
ventilateur et nous devrons dormir portes et fenêtres ouvertes, ce
que nous ne pouvons pas faire sur un parking public. Dommage,
j'aime bien dormir en sauvage. Notre budget va exploser...
27/07/2021
Jour : 400 km Total : 2543 km
La
température dépasse 40 °c. Pas un mot dans le camion, nous roulons
toutes fenêtres ouvertes et nous suons à grosses gouttes. Nous n'avons que de l'eau chaude à boire, le moindre arrêt est difficile à supporter.
Un
petit parking en bas de la ville fortifiée de Pizzo nous tend les
bras.
Les
critères sont respectés: une plage et un parking gratuits, une
douche, pas trop de monde. En prime, un glacier artisanal nous fait
de l’œil...
Nous
passons la fin d'après-midi dans l'eau.
La
chaleur est folle. Alors qu'il fait déjà nuit, le moindre fait
d'installer le lit pour la nuit me met en eau. Pas un souffle de
vent.
Nous
nous promenons sur le port en attendant un peu d'air.
Nous
nous couchons, fenêtres et porte ouverte mais le camion ne se
refroidit pas. Tel un minéral, il absorbe la chaleur de la journée
et la restitue une fois la nuit tombée. A l'intérieur des placards,
c'est la fournaise, la chaleur rayonne, irradie. J'avais stocké une
cinquantaine de bières dans le coffre. La chaleur les a fait
tourner, elles sont imbuvables...
Les
enfants s'endorment, nous sombrons d'épuisement vers 3h00 du matin.
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